A contempler ses créations, à visiter ses expositions, nous devinons qu’il y a, par delà les œuvres, un chemin imprégné d’une passion jubilatoire. Sculptures et peintures habitent son être au plus profond de ses fibres.
Notre ami sait regarder. Ses compositions sont une histoire de regard. Celui qui invente. Celui qui se pose sur l’autre. Celui qui laisse des points de suspension. Cela se fait sans idées préconçues.
« Le frémissement de tes mains erre sur la matière brute. Les doigts s’attardent sur la masse nue.
Puis, le maillet frappe. Un essaim d’éclats convulsifs vole. Tu ciselles, façonnes la pierre complice. Tu t’attardes sur un détail, une expression. Tu joues avec les pleins espérés et les vides diaphanes dans la maîtrise d’un équilibre. Tu souffres dans la poussière et luttes pour des fragments à découdre. Tu touches, caresses l’œuvre qui, insensiblement, prend forme. Jusqu’au moment où, vaincue, elle s’abandonne. »
Robert sculpteur mais aussi peintre. Il sait peindre sur les grands ciels bleus de Provence qui ravivent ses couleurs de jeunesse. Du bout de son pinceau, il ajoute une discrète pointe d’accent, le crissement métallique des cigales et les parfums de garrigue qui se dévident sur un horizon éphémère.
L’ami Robert a toujours au fond des yeux un brin de lumière, quelques mailles de brume affaiblie qui traine discrètement et la clairvoyance des étoiles suspendues à l’Empyrée.
« Pygmalion d’aujourd’hui, tu dérobes toujours un peu l’âme des créatures que tu inventes. Tu es le trait d’union entre la beauté et nous, dans la claire nudité d’un silence apprivoisé. C’est le chant de la pierre que tu nous confies. C’est tout l’alphabet de tes tableaux que tu nous prêtes sous un orage de couleurs. »
Jean-Pierre ARLOT, Juin 2015